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L'épidémie de l'information

 Soyez sceptiques!

 

Au cours d’une journée, nous voyons passer des centaines voire des milliers d’informations de tout type, que ce soit sur internet, à la télévision ou dans un journal. Ces informations nous sont données directement, sans chichi. Cependant, comme nous en avons tous fait l’expérience, certaines d’entre elles sont fausses. C’est pourquoi, notamment avec l’avènement d’internet, nous entendons de plus en plus qu’il faut vérifier les sources et en trouver des sûres.
Dans cet article, nous allons tenter de vous démontrer l’importance de cette vérification tout en vous donnant des astuces pour y arriver le plus efficacement possible.

Gare aux pièges

Souvent, lorsque l’on voit une information qui nous intéresse nous faisons confiance à la personne ou au média qui nous l’a communiquée. Malheureusement, même des personnes qui nous veulent que du bien peuvent se faire berner. C’est pourquoi il ne faudrait jamais se contenter d’une seule source, mais essayer de faire corroborer l’information avec plusieurs autres.

Pour vous démontrer l’importance de revérifier une information ailleurs, nous allons vous rappeler une fake news qui a pullulé dans tout le pays il y a quelques semaines, petite mise en contexte.
Nous sommes en pleine période de pandémie de corvid-19. L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) ne cesse de faire des recherches pour comprendre le virus. Alors, des petits malins commencent à envoyer des messages sur WhatsApp en se faisant passer pour l’organisation. Ces messages, bien qu’ils ne semblaient pas méchants, contenaient des informations médicales et des mesures préventives incorrectes et infondées. Mais puisque ceux-ci semblaient émaner de professionnels de la santé, beaucoup se sont pris à y croire et à partager cette fake news.
Si les personnes ayant reçu l’information auraient été plus sceptiques et aurait cherché à faire corroborer les informations, un vent de panique et de pratiques inutiles voir dangereuses auraient pu être évitées.
De plus, dans le cas de cet exemple, nous pouvons aussi nous poser la question du média utilisé, des informations d’une telle importance n’auraient elles pas été déclarées officiellement via les dirigeants et les centres de santé des pays plutôt que via des transferts Whatsapp ?

Il s’agit là d’une épidémie qui touche l’information. Une épidémie qui se vit principalement sur les réseaux sociaux et sur les boucles whatsapp.

Pour comprendre comment les fausses nouvelles se propagent, une équipe de chercheurs dans le domaine des sciences sociales au MIT ont effectué des recherches et ont en publié les résultats sur la revue Science. On nous apprend qu’une fausse information se propagent au minimum 6 fois plus vite qu’une information vraie. Cette équipe a étudié la diffusion différentielle de toutes les histoires vraies et fausses vérifiées diffusées sur Twitter de 2006 à 2017. Ce qui comprends plus de 120’000 histoires. Ils ont pu constater que les fausses informations étaient plus sujet aux partages que les informations vraies. Dans les réponses apportées par les gens, la vérité déclenche chez eux de l’anticipation, de la tristesse, de la joie et de la confiance. Les fake news, elles, leur inspirent de la peur, du dégoût et de la surprise.

L’activation de ce trio d’émotion sature notre cognition, sature notre cerveau, nous rends aveugle et nous empêche de faire appel à notre esprit critique. Il est donc important d’adopter des gestes barrières.

Mais que se passe-t-il quand une fake news est propagée par une source à priori fiable?

C’est ce qui s’est passé récemment avec Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008. Il a affirmé que le covid 19 aurait été élaboré en laboratoire à Wuhan à partir de l’ADN du VIH. Ce qui a été démenti par un consensus scientifique.  Il ne s’agit pas de la première fois que ce scientifique donne une information qui devrait être remise en question, en effet il avait avancé, il y a quelques années, qu’il serait possible de guérir la maladie du parkinson à l’aide d’extraits de papaye fermentée. Il a suffi qu’il fasse cette déclaration devant 200 personnes pour qu’on commence à voir les pharmacies mettre en avant un produit « recommandé par le professeur Luc Montagnier ». Évidemment le chiffre d’affaire du produit en question a augmenté, puisque les gens ont cru à cela. Sa déclaration ne pouvait pas être soutenu par une étude scientifique. Il avait simplement utilisé un complément alimentaire, qui avait cette composition, suite à la recommandation de son médecin et comme il se sentait mieux, il avait spontanément élargi son retour d’expérience.

La grande question, comment un prix Nobel de médecine peut en venir à se tromper à ce point ?

Figurez-vous que c’est devenu un phénomène tellement fréquent qu’il existe maintenant un nom pour le définir . On l’appelle l’ultracrépidarianisme, formé sur la locution latine « sutor, ne supra crepidam » qui signifie « cordonnier, pas plus haut que la chaussure ».

On parle aussi parfois plus fréquemment de maladie du Nobel ; qui désigne « la tendance de certains scientifiques reconnus à donner des opinions erronées en dehors de leur sphère de compétence ».

C’est Léo Grasset de la chaîne Youtube DirtyBiology qui a enclenché la popularisation de terme sur Tweeter. Il a cité plusieurs exemples de scientifiques qui ont émis des affirmations qui ont été prouvées fausses par grand nombre de leurs paires. Mais alors comment se passe la recherche scientifique ?

Dans ce domaine, les titres, les postes et les récompenses ne garantissent en rien la fiabilité de l’information déclarée par un chercheur. Seules les publications scientifiques le sont, puisque ces dernières ne peuvent être rendu public que si les travaux réalisés sont reconnus par d’autres scientifiques du même domaine de spécialisation.

Évidemment on peut être très compétents dans un domaine et se permettre de donner un avis dans un autre domaine sans passer par une recherche scientifique validée, et se tromper ! 

Si les scientifiques peuvent commettre une telle erreur, le commun des mortelles peut certainement en faire pareil. D’où la nécessité d’adopter les bons gestes barrières surtout quand il s’agit de news qui peuvent avoir un impact sur notre santé.

Internet est un outil génial qui nous permet de trouver beaucoup d’informations. Cependant il faut savoir discerner les vraies informations des fausses informations (fake news) et vérifier leur véracité avant de les partager. En les partageant nous contribuons à la propagation de toute information qu’elle soit vérifiée ou erronée. Il est donc de notre responsabilité de vérifier toutes données qui nous interpellent et de ne pas les partager si elles sont fausses.

Mais comment faire?

Ces fakes news peuvent être à la limite détectées par les administrateurs des réseaux ou encore par des organismes officiels s’occupant de cyber-sécurité. En revanche, ce contrôle déjà faible, étant donné le nombre d’informations qui circulent, est quasi impossible sur les messageries privées. Afin de vérifier la véracité des informations voici quelques conseils pratiques :

Identifier la source

Le premier conseil est d’identifier la source de l’information, dans la majorité des cas celle-ci étant indiquée. Elle peut déjà être un bon indicateur sur la crédibilité de l’information qui est relayée. Si aucune source n’est donnée, il est conseillé de partir du principe que celle-ci est a priori plus fausse que vraie. De manière générale, il est préférable de favoriser les sources reconnues comme par exemple les sites d’informations nationaux ou institutionnels. Cependant, une source crédible ne garantit pas à 100% la véracité d’une information. En effet, vous souvenez-vous de la campagne visant à promouvoir la consommation d’un produit laitier à chaque repas ? De cette comptine « les produits laitiers sont nos amis pour la vie » ? Cette campagne diffusée dans nos médias nationaux à plusieurs reprises affirmait que la consommation de produits laitiers, donc de calcium, était indispensable à la croissance et au squelette. Ces informations ont durablement marqué les esprits et pourtant elles n’avaient pas pour objectif prioritaire la santé de la population mais… l’écoulement des surplus de l’industrie laitière !

Vérifier la date de l’information

Un deuxième conseil serait de vérifier la date de l’information, en effet le contexte peut si vite changer et il arrive que certaines publications anciennes “remontent” quand elles sont très partagées. Dans le cas des images, il est important de vérifier qu’elles correspondent bien aux contextes auxquels elles sont attribuées. Il faut également ne pas les considérer comme des preuves car elles peuvent avoir été retouchées. Il existe des outils tels que Google Images Reverse Search ou TinEye qui permettent d’effectuer une recherche à partir d’une image et consulter la liste des diverses pages Internet sur lesquelles elle a été publiée. Cela permet de comparer les dates de publication et donc de vérifier la véracité de l’information.

Prudence au nombre de partages sur les réseaux sociaux

De plus, il ne faut pas se fier au nombre de partages sur les réseaux sociaux. En effet, cela n’est en aucun cas une garantie de vérité. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un message est partagé par des milliers de personnes qu’il est vrai.

Finalement, il est toujours possible de vérifier une information en dehors d’Internet et des réseaux sociaux. Les livres, les encyclopédies ou les dictionnaires restent encore des sources de vérification plus sûres et se renseigner auprès d’une personne qualifiée dans son entourage reste encore un moyen de vérification plus direct. 

Soyez sceptiques!

Co-écrit par Jade Perroset, Yousra Boumasmoud et Etienne Wildi

 

Sources